Entreprendre une critique radicale de la croissance nécessite d’écarter les éléments subjectifs pour ne prendre en compte que les données objectives de la question posée, qui est en fin de compte celle-ci : La croissance atteint-elle son but ? Il s’agira par conséquent de mettre en évidence les échecs de la société croissanciste dans pratiquement tous les domaines (notamment le domaine de l’application des lois de la physique, et dans les domaines comptable, financier, sanitaire, alimentaire, culturel, social, politique) et de montrer que, finalement, elle échoue dans tout ce qu’elle entreprend.
Après avoir fait ce constat et porté un diagnostic, il s’agira alors d’identifier les causes des ces échecs multiples et simultanés, qui additionnés tous ensemble constituent ce que nous dénommerons « L’impasse de la croissance ». L’élément causal le plus aveuglant est naturellement le capitalisme, dont il conviendra de démontrer la véritable « consubstantialité » avec la croissance, non seulement en tant étant que fait générateur essentiel de son émergence, mais également en tant qu’activateur principal de sa durabilité. Ce qui, du même coup, identifiera la critique radicale de la croissance à une critique radicale du capitalisme, dont il conviendra d’établir une définition claire, précise et exhaustive afin d’éviter les erreurs d’interprétation.
Cette critique radicale a pour vocation d’alerter le grand public sur l’idée que la croissance mène à l’impasse dans tous les domaines de la vie humaine, la composante démographique corrélée avec la problématique alimentaire en étant, par ailleurs, l’un des principaux éléments constitutifs.
De ce point de vue, cette critique, qui s’entend comme un diagnostic « réel » portée sur une société souffrant d’une maladie incurable (la croissance) doit trancher avec les critiques de nature revendicatives socio-politiciennes du genre : « je n’aime pas la croissance parce que je désire un autre monde », … »je n’aime pas la croissance parce je veux restaurer une vie sociale joyeuse » ou de nature amphigourique / philosophique du genre : « je n’aime pas la croissance parce que le monde de la croissance est absurde anthropologiquement, indécent socialement, irresponsable écologiquement, etc. »
Entreprendre la critique radicale de la croissance, c’est démontrer que, contrairement à ce qu’elle affirme, elle n’a aucun avenir. Trivialement, c’est affirmer tout simplement que « la croissance, ça ne marche pas » ! La preuve :
- la croissance a voulu domestiquer la physique, mais c’est un échec (impasse physique)
- la croissance a voulu faire du bénéfice, mais elle génère du déficit (impasse comptable)
- la croissance a voulu créer un instrument d’échange magique, mais celui-ci est au bord de l’implosion (impasse financière)
- la croissance a voulu améliorer la santé de l’homme, mais en réalité elle l’a dégradée (impasse sanitaire)
- la croissance a voulu installer un système durable de production alimentaire pour nourrir 10 milliards d’individus, mais la faillite de ce système est toute proche (impasse alimentaire)
- la croissance a voulu développer l’esprit humain, mais, au contraire, elle a provoqué une régression de sa capacité de réflexion (impasse culturelle)
- La croissance a voulu mettre fin à l’histoire, mais au contraire elle a installé une situation prérévolutionnaire (impasse politique)