24 novembre 2024

La transition écologique (Grand Débat 2019)

Grand débat off : La restitution qu’ils n’ont pas publiée (2ème partie)

  1. Quel est aujourd’hui pour vous le problème concret le plus important dans le domaine de l’environnement ? (1 seule réponse possible)
  • La pollution de l’air
  • Les dérèglements climatiques (crue, sécheresse)
  • L’érosion du littoral
  • La biodiversité et la disparition de certaines espèces
  • Autres,

Le problème dominant semble être celui du dérèglement climatique, bien que la distinction doive être faite entre réchauffement qui est une approche plus factuelle et plus précise que dérèglement. Il convient toutefois d’observer que la science météorologique ne date que de 100 ans, et la science climatologique de 50 ans seulement, ce qui est finalement très peu sur l’échelle du temps humain, même si nous ne remontons qu’à la révolution néolithique (10.000 ans) ou, un peu plus loin, à l’apparition d’homo sapiens (200.000 ans). Dans le meilleur des cas il s’agirait donc d’une science apparue depuis seulement un jour sur une période d’existence humaine ramenée un an. Auparavant, nous ne pouvons que nous reporter aux écrits des moines, ou autres transmissions orales.

Sur ce sujet précis qui est en passe de fonder une nouvelle religion officielle, il me paraît intéressant de relater une partie des échanges particuliers entre les participants au débat. Certains ont affirmé que l’analyse des carottes glaciaires nous apportait une information certaine et que les conclusions de GIEC (groupe d’experts international sur l’évolution du climat) devaient être tenues pour incontestables. Certains participants ont même menacé de quitter la salle si la certitude du réchauffement climatique était mise en doute. En tant qu’animateur, je me suis alors vu contraint d’effectuer une mise au point pour préciser que la liberté d’opinion était un droit sacré et garanti par la constitution et que chacun pouvait s’exprimer librement sur le sujet. Ceci ayant été précisé, certaines autres opinions se sont exprimées pour qualifier de “fumisterie” la thèse du dérèglement climatique, et sous-entendre qu’elle était utilisée à des fins purement commerciales par un business conçu pour faire acheter au citoyen ordinaire des produits marketing élaborés par un capitalisme alternatif, le “capitalisme vert”. Finalement, chacun est resté sur ses positions.

  1. Que faudrait-il faire selon vous pour apporter des réponses à ce problème ?

 Mis à part le dérèglement climatique, qui ne paraît pas évident pour tout le monde, les autres atteintes à l’environnement (pollution de l’air, érosion, chute de la bio diversité, stérilisation des sols arables, déforestation, bétonnages des terres) paraissent évidentes quant à leur réalité, mais pas quant à leurs solutions. Car c’est tout notre mode de vie qui en est la cause première, et derrière notre mode de vie, le mode de conduite de l’économie. Il faut donc changer notre système de production industrielle. Mais de quelle façon ? Et le remplacer par quoi ? La question est à la fois politique et économique. Quant à la réponse, bien peu se risquent à en proposer. Peut-être faudrait-il décroître au lieu de croître ? Autrement dit, la religion de la croissance est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ? De fait, l’homme moderne semble victime du concept schizophrénique de « double bind » forgé par Gregory Bateson, c’est à dire qu’il est soumis en permanence à deux injonctions contradictoires : sa soumission au progrès, d’une part, et la conscience du mal qu’il fait à la planète, d’autre part.

  1. Diriez-vous que votre vie quotidienne est aujourd’hui touchée par le changement climatique ?

Ni le réchauffement ni le changement climatique, ne semblent affecter notre vie quotidienne. A peine perçoit-on depuis plusieurs années un avancement progressif de la date des vendanges, mais cela est peut-être dû à l’intensification des modes culturaux et notamment de l’apport d’engrais chimiques. Par ailleurs le développement de l’instantanéité et de l’universalité de l’information, porte à notre connaissance une multitude d’évènement climatiques extrêmes, survenus partout dans le monde, ( de plus traités par la profession journalistique en tant que produits d’audience porteurs de recettes publicitaires ), ce qui nous inciterait à penser qu’il y en a plus que par le passé ; mais cela reste à démontrer, et ne peut d’ailleurs pas l’être faute de statistiques scientifiquement avérées.

Une autre façon d’être touché virtuellement par le changement climatique sans l’être concrètement, serait de se considérer individuellement comme coupable de ne pas ressentir ce changement alors que des experts scientifiques médiatisés nous certifient qu’il existe bel et bien. Cette schizophrénie de nature différente du « double bind » déjà cité se manifesterait par une forme de victimisation du citoyen qui devrait se sentir ainsi coupable de ne pas voir ce que certains scientifiques lui disent de voir.

  1. À titre personnel, pensez-vous pouvoir contribuer à protéger l’environnement ? Si oui, que faites-vous aujourd’hui pour protéger l’environnement et/ou que pourriez-vous faire ?

Cette question induit l’idée déplaisante, déjà constatée à d’autres endroits de ce questionnaire, que c’est au citoyen, en premier lieu, de contribuer à protéger l’environnement alors que les pouvoirs publics et les grandes entreprises devraient en être exonérés. La réalité est naturellement tout autre puisque 90% des atteintes à l’environnement sont perpétrées par les pouvoirs publics et les grandes entreprises. Au niveau du citoyen de base, il n’est guère que la chasse aux papiers gras et le respect du tri sélectif qui relève de son minuscule pouvoir.

  1. Pensez-vous que vos actions en faveur de l’environnement peuvent vous permettre de faire des économies ?

La réponse est naturellement oui, car si nous coupons notre chauffage, que nous ne nous éclairons plus et que nous n’utilisons plus notre voiture nous allons forcément faire des économies. Mais la question est de nature aussi pernicieuse que la précédente dans la mesure où ces gestes vont probablement nous empêcher de travailler, donc de gagner notre revenu d’existence. Sur un plan plus général, nous pouvons raisonnablement nous demander si cette question qui induit que nous devrions engager des actions en faveur de l’environnement n’a pas pour objectif de nous inciter à consommer des produits dits d’ « énergie verte », élaborés par des entreprises dont le but unique est de faire du profit. Notre doute est grand sur ce sujet, dans la mesure où nous savons très bien que, dans notre société de consommation, toute offre de services émane toujours d’un “business lucratif” et jamais d’un business désintéressé.

  1. Qu’est-ce qui pourrait vous inciter à changer vos comportements comme par exemple mieux entretenir et régler votre chauffage, modifier votre manière de conduire ou renoncer à prendre votre véhicule pour de très petites distances ?

Cette question a été unanimement rejetée comme porteuse de stigmatisation du consommateur de base.

  1. Quelles seraient pour vous les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier pour vous inciter à changer vos comportements ?

Même remarque que pour les questions précédentes, avec en plus un élargissement de la stigmatisation à l’ensemble de « nos comportements » de citoyens de base. Bizarrement rien n’est suggéré, par contre, au niveau des comportements quotidiens des individus composant la classe dirigeante, l’oligarchie économique et les maîtres de la finance.

  1. Par rapport à votre mode de chauffage actuel, pensez-vous qu’il existe des solutions alternatives plus écologiques ? Si oui, que faudrait-il faire pour vous convaincre ou vous aider à changer de mode de chauffage ?

Tout dépend de ce que l’on entend par écologique. Si écologique veut dire moins de CO2, il faut proscrire tout chauffage à base d’hydrocarbures ( fuel, gaz, charbon). Si écologique veut dire éviter la pollution des déchets et les risques humanitaires du nucléaire, il faut proscrire le chauffage à l’électricité, qui en France est à 75% d’origine nucléaire et à 10% d’origine hydrocarbure. Le chauffage au bois, lui, ne produit très peu de CO2, mais beaucoup de particules fines source importante de pollution, comme en témoigne l’emblématique vallée de l’Arve, championne de France de la pollution aux particules fines. Quant à la géothermie, souvent présentée comme le plus propre des chauffages, elle fonctionne grâce à la pompe à chaleur, elle-même alimentée par l’électricité nucléaire.

Le débat portera alors sur le fait de savoir ce qui est plus écologique, c’est à dire le plutonium ou le CO2. Si nous en croyons la propagande gouvernementale et les catalogue des entreprises commerciales de chauffage, c’est le CO2 qui est plus polluant que le plutonium. Cela reste toutefois à prouver, dans la mesure où le CO2 est un gaz qui est la source même de la vie sur terre, alors que le plutonium est une source certaine de mort affreuse. Par ailleurs, la réalité des dégâts écologiques provoqués par le CO2 reste également à prouver (le GIEC se contentant de parler en terme de probabilité d’évènements futurs devant éventuellement survenir), alors que les évènements dramatiques de Tchernobyl et de Fukushima sont des preuves avérées et non contestables de la toxicité de l’industrie nucléaire. Si nous nous référons au principe de précaution indiqué dans l’article 5 de la Charte de l’environnement de 2004 faisant partie intégrante de la constitution, nous devons donc éliminer tout chauffage à base d’hydrocarbure ou d’uranium eu égard aux risques écologiques qu’ils comportent.

Il semblerait qu’un chauffage « écologiquement durable” ne puisse provenir que de sources d’énergies dites renouvelables telles qu’hydraulique, éolienne ou solaire. L’énergie hydraulique semble a priori parfaitement écologique dans la mesure où elle ne produit ni CO2, ni déchets toxiques rémanents. L’électricité provenant de ce type d’énergie semble donc recevable d’un point de vue écologique, à condition toutefois que nous renoncions à construire des barrages de retenue, c’est à dire nécessitant l’inondation de vallées entières et le déplacement autoritaire de populations, ce qui n’est pas vraiment écologique. Nous devons donc nous contenter des barrages dits au fil de l’eau, mais en sachant bien que leur envasement progressif et inéluctable limite leur durée de vie. Enfin, sachant que l’électricité française d’origine hydraulique représente 10% de la production globale, il conviendrait de faire évoluer ce pourcentage de façon très sensible, tout en respectant les contraintes précédemment indiquées.

L’énergie éolienne est également écologiquement recevable du point de vue des deux critères retenus, mais elle nécessite des équipements faisant appel à des matériaux composites et des terres rares, dont la pérennité n’est pas assurée et dont l’extraction et le raffinage entraînent le rejet de nombreux éléments toxiques : métaux lourds, acide sulfurique, etc. Cette énergie est donc très problématique d’un point de vue écologique.

Quant à l’énergie solaire, il convient de distinguer le solaire thermique, c’est à dire la transformation directe du rayonnement solaire en chaleur (elle-même transformée en électricité) par l’utilisation de capteurs généralement vitrés et le solaire photovoltaïque qui utilise l’effet photoélectrique pour convertir en électricité les ondes électromagnétiques émises par le soleil par l’utilisation de panneaux dont la fabrication nécessite des métaux existant en quantités limitées comme le silicium et le cadmium et qui doivent être démantelés et décontaminés à l’issue d’une période de vingt ans selon un protocole particulièrement polluant. De fait, si le solaire thermique semble recevable d’un point de vue écologique, le solaire photovoltaïque ne l’est pas. Le solaire représentant actuellement 1,5% de l’électricité française, pour l’essentiel en photovoltaïque, il conviendrait donc de faire évoluer ce pourcentage de façon très sensible, mais pour ce qui concerne le solaire thermique exclusivement.

En conclusion, il ne semble pas qu’il existe de solutions alternatives plus écologiques en terme de chauffage à celles proposées actuellement, à moins de se contenter de chauffage à l’électricité produite, soit par des barrages hydroélectriques au fil de l’eau, soit par le solaire thermique, le tout représentant environ 8% de l’électricité actuellement produite en France.

  1. Diriez-vous que vous connaissez les aides et dispositifs qui sont aujourd’hui proposés par l’État, les collectivités, les entreprises et les associations pour l’isolation et le chauffage des logements, et pour les déplacements ?

Le citoyen est actuellement inondé de publicités et de propagandes pour toutes sortes de systèmes de chauffage et d’isolation, et toutes sortes de dispositifs d’aides et de primes, dans le maquis desquels il est difficile de se frayer un chemin vers la lumière de la vérité. La question première est de savoir comment distinguer une offre basée sur la vertu citoyenne d’une offre fondée sur la recherche unique du profit. Même les conseils émanant des pouvoirs publics peuvent être suspectés d’être guidés par la collusion avec certains industriels privilégiés. Comment être garanti de l’indépendance des conseillers publics vis à vis des lobbies commerciaux, dans la mesure où les services publics n’existent plus et que toutes les activités d’intérêt général (comme l’énergie notamment) sont aux mains d’intérêts financiers privés ?

  1. Avez-vous pour vos déplacements quotidiens la possibilité de recourir à des solutions de mobilité alternatives à la voiture individuelle comme les transports en commun, le covoiturage, l’auto-partage, le transport à la demande, le vélo, etc. ?

Cette question mériterait d’être posée aux représentants politiques, élus et mandataires divers en la modifiant sensiblement afin de savoir s’ils ont eux-aussi la possibilité de recourir aux transports en commun au lieu de la 604 officielle avec chauffeur, au co-voiturage au lieu du 4×4 personnel financé avec leurs indemnités mensuelles, au vélo au lieu du jet privé. Leur réponse serait sans doute qu’ils ont besoin de plus de confort que le citoyen ordinaire pour vaquer à leurs occupations, mais nous pourrions leur répondre que la première mission des serviteurs du peuple (qu’ils sont), est de donner l’exemple.

  1. Pensez-vous que les taxes sur le diesel et sur l’essence peuvent permettre de modifier les comportements des utilisateurs ?

Cette question particulièrement stupide n’honore pas les technocrates surdiplômés qui l’ont conçue, car il est bien évident que toute hausse du prix des carburants automobiles entraîne mécaniquement une diminution de l’utilisation du véhicule. C’est réellement considérer que le citoyen ordinaire est un demeuré pour imaginer qu’il ne puisse pas comprendre que si ses déplacements lui coûtent plus cher, il va les limiter pour pouvoir rester dans le cadre de son budget mensuel. Les gouvernants qui ont conçu cette question voudraient probablement entendre le citoyen ordinaire répondre qu’il va se rendre sur son lieu de travail depuis sa résidence de banlieue située à 80 km par un autre moyen de déplacement que la voiture individuelle, mais ces-mêmes gouvernants semblent malheureusement ignorer qu’il n’existe pas de moyens alternatifs, et notamment les transports en commun qu’ils (les gouvernants) auraient précisément dû mettre en place.

Cette question se retourne manifestement contre leurs auteurs, qui semblent également ignorer, qu’elle est à la racine du mouvement des gilets jaunes qu’ils ne cessent, eux-mêmes, de déplorer. En la matière cela s’appelle tout simplement récolter les fruits de ce que l’on a soi-même semé. En conclusion notre réponse aux gouvernants est : construisez d’abord un réseau de transports collectifs péri-urbains élargi, et nous en reparlerons.

  1. À quoi les recettes liées aux taxes sur le diesel et l’essence doivent-elles avant tout servir ? (1 seule réponse possible)
  • À baisser d’autres impôts comme par exemple l’impôt sur le revenu ?
  • À financer des investissements en faveur du climat ?
  • À financer des aides pour accompagner les Français dans la transition écologique ?

Les recettes générées par les taxes sur les carburants (TICPE) sont de l’ordre de 25 milliards, soit trois fois le budget de la Justice et près de la moitié du budget de remboursement de la dette. Avant de savoir où doivent aller ces 25 milliards, la première question serait de savoir comment le citoyen peut suivre et contrôler l’utilisation de cette manne financière. L’article 14 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen indiquant très clairement que tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes la nécessité de la contribution publique et d’en suivre l’emploi, il apparaît que le souci principal est de vérifier si l’emploi qui est fait de ces 25 milliards correspond bien ce qui est prévu par la loi instituant cette taxe. Il conviendrait donc de mettre en place des comités citoyens pour vérifier la destination de toutes les taxes ciblées, et de contrôler que la loi indique bien de façon précise cette destination. Il reviendrait également à ces comités citoyens de préconiser telle ou telle destination pour guider le législateur.

  1. Selon vous, la transition écologique doit être avant tout financée : (1 seule réponse possible)
  • Par le budget général de l’État
  • Par la fiscalité écologique
  • Les deux
  • Je ne sais pas

Le financement de la transition écologique par les taxes ciblées stigmatise les utilisateurs individuels en visant à les faire passer pour seuls responsables de la dégradation de l’environnement. Or, il s’avère que l’Etat se refuse à prendre les mesures législatives qui stopperaient cette dégradation. Les récentes actions en justice intentées contre l’Etat témoignent de cette situation et de la responsabilité première de l’Etat. Il paraît donc évident que la transition écologique doit être légiférée et financée par l’Etat lui-même sur son budget général.

  1. Et qui doit être en priorité concerné par le financement de la transition écologique ? (Plusieurs réponses possibles)
  • Les entreprises
  • Les administrations
  • Les particuliers
  • Tout le monde

Il manque une réponse possible, c’est la nôtre et nous venons de la donner : l’Etat sur son propre budget.

  1. Que faudrait-il faire pour protéger la biodiversité et le climat tout en maintenant des activités agricoles et industrielles compétitives par rapport à leurs concurrents étrangers, notamment européens ? (1 seule réponse possible)
  • Cofinancer un plan d’investissement pour changer les modes de production
  • Modifier les accords commerciaux
  • Taxer les produits importés qui dégradent l’environnement

Pour protéger la biodiversité et le climat, mais aussi la santé alimentaire des citoyens, il faudrait abandonner le système de l’agriculture industrielle et chimique mise en place après 1945 et revenir à une agriculture écologique non dépendante du pétrole. La conséquence serait une diminution de la production et un renchérissement des produits. Dans ces conditions, il est évident que nos produits agricoles écologiques ne seraient plus compétitifs d’un point de vue strictement commercial avec ceux issus des agricultures industrielles chimiques de nos voisins étrangers. Il faudrait donc modifier les accords commerciaux, et établir des droits de douanes pour nous en protéger.

  1. Que pourrait faire la France pour faire partager ses choix en matière d’environnement au niveau européen et international ?

Cette question est puérile. Disons que la France de 65 millions d’individus pourrait toujours essayer de porter la bonne parole auprès des BRICS de 3 milliards d’individus qui détiennent l’essentiel des ressources naturelles finies de la planète, afin de leur expliquer ce qu’il est bien de faire pour la-dite planète. Nous pourrions également tenter d’expliquer à ces 3 milliards d’individus qu’ils feraient mieux de renoncer à accéder au niveau de vie et au confort que nous avons, nous, acquis au détriment de la préservation de l’environnement et qu’ils devraient se contenter de rester sur un mode de vie frugal car notre exemple d’économie croissanciste et destructrice des ressources naturelles n’est pas à suivre. Voici ce que les petits français pourraient tenter de faire auprès du reste du monde.

  1. Y a-t-il d’autres points sur la transition écologique sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?

Ce questionnaire omet (sans doute volontairement) un élément fondamental dans la question écologique : la démographie. Si nous comparons la croissance économique à ce qu’elle est en réalité, c’est à dire une combustion, elle semble régie par le principe du triangle du feu composé des trois côtés : le carburant (les ressources naturelles finies), le comburant (les consommateurs) et l’activateur (le capitalisme). L’accroissement de cette combustion passe nécessairement par la croissance continue de l’un ou de plusieurs de ses composants, et notamment du composant consommateurs, c’est à dire la population. Il apparaît donc que la croissance économique est conditionnée par la croissance démographique et que, sans la croissance démographique, il n’y a pas de croissance économique.

Or l’accroissement continu de la population exerce une pression anthropique sur la nature, qui se traduit par une augmentation de l’empreinte écologique et une diminution de la bio-capacité des territoires. Ce phénomène se manifeste notamment par la diminution constante de la surface des terres arables. Un rapport de l’INRA et de l’IFSTTAR livré au gouvernement en décembre 2017 constate que 236 hectares d’espaces naturels sont chaque jour artificialisés, soit 6 000 km2 depuis 2006, l’équivalent d’un département tel que le Gard ; 9,4 % du territoire français sont déjà perdus en cinquante ans, 7 millions d’hectares de terres ont été ensevelis pour l’habitat (40 %), l’économie (30 % : entreprises, entrepôts, commerces) et les infrastructures de transport (30 %). Depuis 2009, l’artificialisation s’est faite à 90 % aux dépens des sols fertiles. Au niveau européen, 1 000 km2 passent chaque année de la campagne à la ville ; la superficie des sols imperméabilisés en Europe dépasse 1 million de km², soit 200 m2 par habitant. De tels chiffres se passent de commentaires et montrent sans équivoque que la question démographique est un débat qui est nécessaire et, en tout cas, ne devrait pas être absent des réflexions sur la transition écologique.

Cette question constitue malheureusement un tabou et c’est sans nul doute la raison pour laquelle elle est absente de ce questionnaire.

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