22 décembre 2024

Chimères énergétiques et antiquités renouvelables

Les politiciens croissancistes de droite comme de gauche, avec le soutien indéfectible des partis écologistes, tentent de désamorcer les interrogations de l’opinion publique sur le caractère fini de l’énergie fossile en ressortant les fonds de tiroir renouvelables, auxquels, en réalité, ils n’ont jamais cru.  La problématique des sources d’énergie, bien que vitale pour notre civilisation industrielle, est un domaine très méconnu du grand public et à propos duquel les mensonges et les erreurs d’appréciation sont des plus courants. Le premier artifice des écolo-politiciens dans cette affaire, consiste à établir une classification simplificatrice et trompeuse entre « énergies non renouvelables » et « énergies renouvelables » les premières étant appelées à disparaître par la simple loi de la géologie d’ici quelque dizaines d’années, c’est-à-dire dès demain matin sur l’échelle du temps cosmique.

Le terme générique « renouvelable » recouvre, de son côté, un certain nombre de ressources bien connues, mais masque également certaines données qu’il semble plus prudent de cacher à l’homme de la rue, de peur qu’une trop grande érudition sur le sujet nuise à son assimilation de la doctrine simplifiée. Cette doctrine simplifiée repose sur l’équation suivante en trois points :

  1. notre civilisation industrielle est fondée sur l’utilisation de l’énergie
  2. l’énergie utilisée depuis 150 ans est l’énergie fossile qui va disparaître
  3. nous allons donc fabriquer de l’énergie autrement

Cette idée simple sous-tend la croyance indéfectible en la capacité toute puissante de l’homme à résoudre le moindre problème qui lui est posé et à inventer en temps voulu la chose qui lui est nécessaire. Il est intéressant de noter que cette formidable croyance vaniteuse dépasse toutes les fois et religions connues depuis les 7 millions d’années que l’homme existe sur terre et qu’elle ne s’est implantée que depuis 150 années environ, c’est-à-dire à peu près une nano-seconde sur la durée de l’histoire de la planète.

Mais quelque soit sa croyance dans le génie scientifique de l’homme, chacun est bien obligé de constater que cette civilisation industrielle dont l’immense majorité des gens, écologistes inclus, veut la conservation, ne s’est développée qu’avec l’utilisation des ressources fossiles et qu’il n’existe pas aujourd’hui de preuve à grande échelle qu’elle puisse le faire autrement. La totalité du transport aérien, routier et maritime de notre civilisation, c’est-à-dire rien moins que son réseau veineux, fonctionne aujourd’hui avec le fossile et nous n’avons aucune solution de rechange opérationnelle à ce jour. C’est ici qu’intervient l’intéressant concept d’énergie primaire et que les idées simples commencent à s’embrouiller au niveau du point 3 de notre équation énergétique.

Une énergie primaire est une ressource qui trouve un usage immédiat sans aucune, ou très faible, transformation industrielle. C’est le cas du charbon et du gaz qui peuvent constituer un combustible de chauffage facilement utilisable et du pétrole qui peut servir de carburant pour moteur moyennant une très légère opération de raffinage. Ajouté à cela les multiples autres utilisations de ces ressources, tels les matières plastiques et composites, les engrais, pesticides, fongicides, insecticides, peintures etc… chacun comprendra aisément que ces ressources taxées de tous les maux par certains environnementalistes militants constituent en réalité le plus fabuleux trésor jamais légué par la nature à l’humanité, une véritable dot terrestre que nous aurons englouti totalement en à peine deux siècles.

Donc, reproduire, même par la magie du génie humain qui, comme nous le savons, est incommensurable et sans limite, les mêmes avantages que ceux offerts par le fossile (facilité d’accès, de transport, de stockage, forte puissance calorifique, synthétisation de substances par cracking et raffinage) est tout bonnement impossible dans l’état actuel de nos connaissances. Reste alors le rêve, ou le mensonge……

A ce point du raisonnement, il convient donc, pour les croissancistes, d’imaginer la façon de faire de l’énergie avec autre chose que ces merveilleux hydrocarbures naturels. Mais quel type d’énergie? Etudions tout d’abord le cas de la fée électricité, qui constitue une énergie secondaire, c’est-à-dire fabriquée à partir, soit d’une énergie primaire, soit d’un processus industriel complexe. Cette énergie secondaire est actuellement produite au niveau mondial avec le fossile pour 70%, avec le nucléaire pour 15%, avec l’hydraulique pour 15%, et ne peut couvrir, à elle seule, l’intégralité des besoins en énergie, loin s’en faut, notamment pour ce qui concerne les transport et l’agriculture. Le problème du remplacement du fossile ne se réduit donc pas à changer la façon de faire de l’électricité, mais également à trouver une autre forme de carburant renouvelable à haut pouvoir calorifique.

Concernant la fabrication de l’électricité, les ressources renouvelables présentées par les écolo-politiciens transitiono-croissancistes comme devant assurer le développement durable sont principalement le vent, l’eau, le soleil, c’est-à-dire des énergies primaires connues et utilisées par l’homme depuis la nuit des temps. Avant même que d’entreprendre un débat technique visant à démontrer, chiffres à l’appui, que ces trois ressources cumulées ne seront jamais en mesure d’assurer guère plus des 15% de l’électricité actuellement produite (c’est à dire grosso modo le contingent hydraulique), un simple raisonnement basé sur le bon sens commun conduirait à se demander pourquoi le génie humain n’a pas utilisé plus tôt ces ressources faciles d’accès, totalement gratuites et inépuisables au lieu de s’évertuer à creuser de plus en plus profond dans la terre et la mer pour rechercher les trésors fossiles, en subissant ainsi des coûts toujours plus élevés. Il aurait alors suffit de prélever les éléments naturels mis à sa disposition depuis la genèse, soit l’air, l’eau et le soleil…..

En continuant ce raisonnement candide, on pourrait suggérer que ces ressources, apparemment si simples, ne le sont finalement peut être pas tant, et que des artisans avisés ont trouvé infiniment plus rentable et commode d’utiliser le fossile plutôt que la mirifique trilogie air/eau/soleil pour faire tourner les machines. De là à en déduire, pour le quidam ordinaire, que la fabrication d’une même quantité d’électricité fabriquée avec du vent, de l’eau ou du soleil coûte infiniment plus cher qu’avec du charbon, du gaz ou du pétrole, il n’y a qu’un pas que les politiciens croissancistes écolotransitionnistes tentent toutefois d’entraver avec le fameux discours amalgamé de rêve et de mensonge dont il ont le dépôt légal. Malgré tout, le simple citoyen aura sans doute compris que les renouvelables ne peuvent produire qu’infiniment moins d’électricité et à un tarif infiniment plus cher.

Il apparaît donc que, bien loin de proposer de réelles innovations en matière d’énergie, les religieux de la croissance ne font que ressortir de vieilles formules qui ont été péniblement utilisées par le passé, puis abandonnées avec mépris à l’aube de la civilisation industrielle. Dans cette affaire, l’imposture consiste à faire croire à la réussite de techniques ancestrales qui ont largement prouvé leur inefficacité par le passé à assurer le développement économique de l’humanité. Promouvoir ce type d’énergie, c’est promouvoir en quelque sorte le retour au Moyen Age, ce qui n’est peut être pas une mauvaise idée en soi, mais ce dont se défendent pourtant bec et ongles ces mêmes zélateurs. Coincée entre vérité et mensonge, ballottée entre réalité et rêverie, la praxis croissanciste en matière de renouvelables pourrait se décrire ainsi :

L’EOLIEN, rien que du vent !

Vérité : inventées vers l’an 700 avant notre ère en Perse, les plus anciennes machines à vent attestées se trouvent dans la région de Sistan (contrée aride d’Iran et d’Afghanistan), elles étaient non orientables les pales étant adaptées au vent dit de « 120 jours » soufflant en continu dans la région.

Mensonge : L’éolien est non polluant. FAUX ! Les éoliennes provoquent une pollution auditive insupportable, une nuisance visuelle hallucinante et découpent des milliers d’oiseaux migrateurs en fines lamelles non comestibles. Recouvrir nos plaines et nos côtes maritimes de monstres à pales est tout simplement inadmissible d’un point de vue écologique. Elle constituerait la pire action de destruction de la nature jamais entreprise par l’homme.

Réalité : les éoliennes fabriquées principalement en Chine à partir de matériaux composites issus du pétrole se révéleront ingérables et irréparables dès que le pétrole sera épuisé, c’est-à-dire très prochainement. Les vastes étendues défigurées par les horribles hélices se transformeront alors progressivement en champs de ruines chaotiques après que les monstres de plastiques se seront écroulées les uns après les autres sans espoir de ré-érection possible et exhiberont leurs reliquats tordus comme le plus édifiant témoignage de la mégalomanie burotechnocratique du début du 21ème siècle.

Rêve : grâce aux progrès de la miniaturisation et de la recherche dans le mouvement perpétuel, inventer une éolienne à peine plus grosse qu’un ventilateur de bureau et qui développerait en continu la puissance d’une centrale thermique ordinaire, même en l’absence de vent.

LE SOLEIL, pas forcément un bon coup!

Vérité : L’utilisation de l’énergie solaire remonte à l’antiquité. Les Grecs allumaient en effet la flamme olympique grâce à un système de miroirs captant les rayons du soleil et les égyptiens l’utilisaient pour faire la cuisine.

Mensonges :

  • Le solaire est non polluant. FAUX ! Des métaux très toxiques tels le cadmium et le sélénium entrent dans la fabrication des panneaux photovoltaïques. Ceux-ci sont, comme les éoliennes, fabriqués principalement en Chine, ce qui déporte sur ce pays émergent le problème de la gestion sanitaire du personnel affecté à leur assemblage.
  • Le solaire est gratuit. FAUX ! La fabrication des panneaux, ainsi que leur démantèlement en fin de vie (20 ans) demandent beaucoup d’énergie et le problème du recyclage des éléments toxiques n’est pas totalement maîtrisé ce qui laisse planer un doute sur la propreté « écologique » de cette ressource.
  • Le solaire est durable. FAUX ! Les métaux déjà cités ne sont pas présents en quantité illimité sur la planète, et ainsi que le fer, le cuivre ou le zinc, vont bientôt disparaître malgré la mise en œuvre des opérations de recyclage qui ne restituent jamais la quantité initialement utilisée et qui ne seront donc pas en mesure d’empêcher le tarissement final de ces minerais.

Réalité : la réelle rentabilité du solaire est falsifiée par sa fiscalité momentanément avantageuse et il est probable que l’investissement dans cette source d’énergie apparaisse beaucoup moins intéressant pour l’utilisateur lorsque l’Etat aura cessé de subventionner les équipements correspondants. Pour ce qui concerne le solaire thermique (chauffage résidentiel), qu’il convient de distinguer du photovoltaïque (production d’électricité), on peut raisonnablement imaginer que les progrès techniques faciliteront son adoption par un nombre croissant de propriétaires pour le chauffage d’appoint de leur maison et la production épisodique d’eau chaude, mais nous n’assisterons là qu’à une amélioration d’un système déjà existant depuis belle lurette. Pour ce qui concerne la production d’électricité à grande échelle par des champs géants de panneaux photovoltaïques défigurant à jamais la nature, les étendues ensoleillées du Sahel ne sont pas près de remplacer les champs pétrolifères de l’Arabie Saoudite, malgré les slogans mégalomaniaques des publicitaires agréés.

Rêve : l’avion solaire de ligne, c’est à dire les Boeing 777 et les Airbus 380 à propulsion solaire, et non le gadget Solar Impulse

L’EAU, un vrai mirage !

Vérité : L’exploitation de la force motrice de l’eau remonte à l’Antiquité avec les premières roues à palettes et à augets. A partir du Moyen Age, la puissance de l’eau sera de plus en plus sollicitée par les scieries, les moulins à céréales, et l’irrigation des terres. C’est à cette époque que commencera l’exploitation de la force des marées, par l’utilisation de moulins marémoteurs.

Mensonges : les barrages hydroélectriques sont écologiques. FAUX ! Ils bousculent l’environnement, modifiant le cycle et la distribution des sédiments. Ceux ci sont alors piégés dans des espaces factices et leur accumulation pose de sérieux problèmes environnementaux. Plus problématiques encore que les barrages au fil de l’eau qui provoquent en outre des dommages irrémédiables à la faune et la flore aquatique, les barrages de retenue peuvent engloutir des régions entières et exiger le déplacement de populations ancestrales.

Réalité : l’hydroélectricité produit déjà 15% de l’électricité mondiale, ce qui la distingue nettement des deux énergies dont nous venons de parler qui plafonnent à 1% à peine, mais la quasi totalité des fleuves du monde est déjà équipée de barrages au fil de l’eau et le potentiel quantitatif de développement de cette énergie réside essentiellement dans la construction de centrales éclusées ou de centrales lacs, deux types de fonctionnement présentant de graves impacts négatifs sur l’environnement.

Rêve : Biden, Poutine et Xi Jinping s’associant pour la construction du barrage absolu, noyant la Mongolie Extérieure sous les eaux pour produire toute l’électricité nécessaire à la planète.

Il apparaît donc clairement que le très médiatique mix renouvelable dont les bateleurs durables nous rebattent les oreilles n’est que foutaise supplétive destinée à masquer le flottement de la période transitoire qu’ils se sont imposés en espérant que le nucléaire cesse de faire peur au grand public et de pouvoir ainsi tout miser sur lui. En France, notamment, où l’atome produit plus de 75% de l’électricité et où les possibilités de développement de la grande hydraulique sont quasi nulles, envisager sérieusement une reconversion de la production électrique avec le risible mix ecolo est une imposture de grande ampleur qui s’ajoute, bien entendu, aux autres mystifications politiciennes habituelles.

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