Le climat en tant que support à un capitalisme d’un nouveau genre
Le capitalisme est une hydre multicéphale qui a la remarquable faculté de savoir s’adapter avant même que d’avoir à combattre. C’est ainsi que derrière ses zélateurs historiques, les économistes-prêtres de la croissance infinie et les politiques-chantres du progrès continu, se profile une nouvelle race de prédateurs qui avancent masqués. Ayant compris que le principe du pic de Hubbert ne pouvait plus être ignoré et que le moment n’était plus très loin où la production pétrolière mondiale allait commencer à décliner, ces nouveaux capitalistes ont, déjà depuis un certain temps, décidé d’occuper le terrain de l’écologie politique afin d’adapter leur business à la nouvelle donne énergétique.
Le fondement de leur stratégie consiste à recourir à l’intervention fiscale pour remplacer les marges naturellement fournies par l‘économie de marché, ou, en d’autres termes, utiliser l’Etat pour transférer des profits appelés à se tarir par suite de déplétion fossile, vers des subventions facilement récupérables. Pour ce faire, le « capitalisme étatique » qui se dessine ainsi, doit manipuler quelque peu les concepts grand public et modifier leur réelle hiérarchie pour valider son positionnement au regard de l’opinion.
Les acteurs de ce nouveau mouvement sont redoutablement intelligents, issus des grandes écoles, rompus aux techniques de l’économie libérale, et passés maîtres dans l’art de mystifier le peuple. Ils sont néanmoins convaincus, chiffres à l’appui, de l’imminence de la raréfaction pétrolière et du déclin industriel qui s’en suivra inéluctablement. Ils sont également convaincus de la faiblesse du potentiel des énergies renouvelables pour compenser les millions de tonnes-équivalent-pétrole (TEP) qui vont bientôt nous faire défaut, suffisamment lucides, raisonnables et bien informés pour éviter de délirer sur les chimères du futur à savoir hydrogène et fusion nucléaire, et, bien que traditionnellement partisans réalistes de l’énergie de fission, ils ont quelque peu rabaissé la visière de leur casquette après Fukushima, dans l’attente de jours meilleurs.
Ces éminents imposteurs, sous le prétexte de tenir un langage de vérité, pratiquent en fait une inversion du raisonnement. Au lieu de dire que le fait majeur qui va impacter notre civilisation industrielle dans les années à venir est la disparition progressive du pétrole, il nous disent que ce fait majeur se nomme le réchauffement climatique dû à l’excès de gaz carbonique rejeté dans l’atmosphère par cette même civilisation industrielle.
Cet épouvantail ayant été créé, ils s’évertuent ensuite à le sur-dimensionner afin de le transfigurer en un concept péremptoire et inattaquable. Or, ils savent pertinemment deux choses :
d’une part, que ce réchauffement s’il devait être confirmé ne mettrait pas en péril l’existence de la terre, ni même celle de l’espèce humaine à quelques ajustements démographiques près
d’autre part que la fin prochaine des ressources fossiles mettrait automatiquement fin à cet excès de gaz carbonique, et donc par voie de conséquence à ce réchauffement climatique, et ce même si le charbon devait encore durer 150 ans ce qui reste nano-infinitésimal à l’échelle de l’histoire terrestre.
De ce raisonnement, certes à tiroirs, mais implacablement exact, ils en déduisent néanmoins une équation simpliste et réductrice sur laquelle ils basent tout leur prosélytisme, à savoir : consommation fossile = réchauffement = planète en danger.
A partir de là, leur raisonnement s’enchaîne : il faut diminuer la consommation fossile, donc la taxer afin que le peuple consomme moins, et avec l’argent de la taxe financer les énergies renouvelables, qui ne sont pas rentables en termes comptables mais qui assure la pérennité de leur business.
C’est sur ces bases épistémologiques que se fonde l’écolobusiness dont le pape mondial est Al Gore et dont les représentants français s’appellent Jean Marc Jancovici et Alain Grandjean. Tout leur édifice repose néanmoins sur un fragile échafaudage, celui du réchauffement climatique, lui même fourni par un prestataire unique : le GIEC.
Il faut reconnaître que ces deux polytechniciens ont beaucoup œuvré pour informer le grand public sur les problèmes de l’énergie, sans omettre toutefois de faire de cette information le support marketing de leur activité professionnelle.
C’est ainsi que JM. Jancovici est co-fondateur de la société « Carbone 4 », un cabinet de conseil en stratégie carbone, qui propose des audits et conseils aux entreprises et organisations pour mesurer et comprendre leur dépendance par rapport à la contrainte énergie-climat, réduire les risques et saisir les opportunités en lien avec cette contrainte, il collabora de 2001 à 2010 avec l’ADEME pour la mise au point du bilan carbone et fait partie du comité de veille écologique de la Fondation Hulot depuis 2001, puis du comité stratégique de cette même fondation depuis 2005. Il est co-auteur du Pacte écologique et actuellement membre du Haut Conseil pour le climat, dernier fleuron de l’expertocratie gouvernementale.
A. Grandjean est également co-fondateur de la société « Carbone 4 », membre du comité stratégique de la Fondation Hulot, membre du Conseil Economique pour le Développement durable auprès du Ministre de l’Ecologie, et président de la société « Capitalisme durable ». Il est Membre de la Commission du Conseil d’Analyse Stratégique sur la valeur tutélaire du carbone et a par ailleurs participé à l’atelier 1 (énergie-climat) du Grenelle de l’Environnement, à la commission Rocard sur la CCE, et à la commission Juppé / Rocard sur le grand emprunt. Tout comme son compère JMJ, il est membre du HCC (Haut Conseil pour le Climat).
Nous voyons donc que ces deux personnages très influents sont parmi les représentants les plus exemplaires du green business français. Certes, d’un point de vue strictement objectif, nous ne pouvons reprocher à quiconque de convertir les idées qui sont les sienne en activité professionnellement lucrative, mais nous avons affaire, en l’espèce, à deux des plus beaux spécimen d’écotartuffes spécialisés en technique de détournement habile du problème de la disette énergétique pour les temps à venir en opportunité juteuse pour le moment présent.
Les grands cerveaux que sont MM. Jancovici et Grandjean savent pertinemment que les énergies renouvelables ne seront pas à la hauteur des attentes. Il suffit pour cela de lire leurs livres : « Le plein s’il vous plait ! », son duplicata simili-conforme : « C’est maintenant ! 3 ans pour sauver le monde », ainsi que sa troisième redite « Changer le monde ! » et sa quatrième : “Dormez tranquille jusqu’en 2100“, afin de s’en persuader. En bons technocrates, ils sont de fervents partisans de la taxation tous azimuts, et leur penchant naturel les conduit même sur la pente spirituelle de l’intégrisme fiscal avec des slogans religieux du type : “Vive l’impôt”, ou encore “Hors de la Taxe, point de Salut”, etc…. Mais ces grands prêtres de la collecte budgétaire restent néanmoins pragmatiques quand il s’agit d’entretenir le toit de leur chapelle, en précisant que l’argent de la taxe doit aller au Green Business, c’est à dire à eux !
Le mécanisme de ces écolo-prédateurs peut ainsi se résumer en 4 points :
- Afin de faire baisser la consommation d’énergie fossile l’Etat doit, sur leur conseil, taxer les carburants. Conséquence : augmentation des prix grand-public de l’essence, fuel, gas oil, etc… Raison invoquée : le pétrole va bientôt manquer, donc il faut l’économiser
- Afin de diminuer les émissions de CO2 dans l’atmosphère, l’Etat doit, sur leur conseil, taxer les industries émettrices. Conséquence : les organisations émettrices doivent décarbonner ou payer, au choix (comme pour l’emploi des handicapés : 6% de l’effectif ou bien taxe libératoire !). Raison invoquée : les émissions de CO2 vont prochainement provoquer une catastrophe majeure avec engloutissement des continents sous les eaux et décimation des population par l’effet des canicules.
- Avec l’argent de ces taxes, l’Etat, qui maintenant a bien compris le processus et peut penser et agir seul, doit subventionner les acteurs de l’énergie renouvelable afin de rendre celle ci artificiellement rentable et financer les travaux de décarbonisation (ou les études et divers audits en vue d’une éventuelle décarbonisation) de l’industrie.
- Les prestataires intermédiaires, tels « Carbone 4 » ou « Capitalisme durable » par exemple, héritent alors sans se fatiguer d’un marché captif et débarrassé de tout souci d’équilibre comptable.
Mais alors une question se pose : si, nous autres français diminuons notre consommation de carburants fossiles parce que l’Etat les taxe et renchérit leur prix, le solde restant à consommer devient dès lors plus important pour le reste du monde. C’est effectivement un peu rageant et frustrant pour le français moyen qui va voir le chinois, l’indien et le brésilien consommer les dernières gouttes de ce cher pétrole auquel il n’aura plus que très difficilement accès. Mais, par contre, ce n’est pas rageant pour MM. Jancovici & consorts, qui eux, voient la partie droite de leur bilan atteindre des cimes garanties et renouvelables d’une année sur l’autre.
Fichtre – me direz vous ! – critiquer c’est bien joli, mais que faire face à cette échéance qui arrive à grands pas et qui va bouleverser notre vie et nos habitudes? Eh bien, je vous répondrai en suggérant de faire exactement l’inverse de ce que proposent MM. Jancovici & consorts par porte parole fantoche Hulot interposé, c’est à dire détaxer. Oui, vous avez bien lu détaxer !!… Face à cette nouvelle clique d’affairistes verts, d’autres voix ont parfaitement le droit de s’élever pour annoncer que la solution n’est pas de taxer l’énergie afin que les plus pauvres en pâtissent, mais au contraire de la détaxer au fur et à mesure que le prix des hydrocarbures augmentera corrélativement à leur raréfaction.
Il peut même sembler raisonnable que l’Etat les subventionne lorsque leur prix d’achat aura atteint un certain seuil, afin qu’ils restent abordables pour le citoyen de base. C’est ni plus ni moins le système actuellement en vigueur pour l’électricité qui n’est pas vendue à son véritable coût de revient, pour la bonne raison que les investissements dans le nucléaire ont été (et sont toujours) financés par l’impôt. Un autre avantage non négligeable de la détaxe sera de rendre disponible au peuple français une plus grande quantité sur le solde résiduel mondial de pétrole restant à répartir.
Cacophoniquement à Hulot et Jancovici, écrions nous donc tous en cœur : A bas la taxe !