Le mot idéologie est-il réellement un mot noir comme le pensent certains, un concept péjoratif voire repoussoir ? L’acception dépréciative de ce terme dans le langage commun vient d’un sentiment que le ressort de l’idéologie réside dans le besoin de justifier des entreprises destinées à satisfaire des aspirations intéressées démultiplié par des moyens de propagande souvent sans aucun rapport avec la réalité scientifique des faits exposés. Cette interprétation du terme idéologie est encore amplifié par l’idée dominante diffusée par les maîtres du pouvoir que la politique doit se faire à vue, au jour le jour, en fonction des circonstances et des inclinaisons ponctuelles de l’éphémère majorité des mandataires du moment, plutôt qu’en application de principes pérennes et déterminés à l’avance.
Il est donc grand temps de redonner au concept d’idéologie son sens exact ainsi que tout le respect et la valeur qui lui sont dus.
Lorsqu’un groupe de réflexion est le dépositaire d’analyses, de théories et de principes spécifiques, construits et affinés au sein de son laboratoire d’idées, nonobstant le fait que ces ressources puissent être inspirées par tel ou tel mouvement de pensée, il signifie par ce fait à la collectivité que ces ressources possèdent un caractère original et unique permettant de l’identifier clairement.
Le terme le plus adéquat pour désigner cet ensemble de ressources est bien celui d‘idéologie, qui, si nous reprenons la définition du Larousse, désigne un système d’idées générales constituant un corps de doctrine philosophique et/ou politique pouvant servir de base à un comportement individuel ou collectif, ou, encore plus globalement, un ensemble de représentations par lesquelles les hommes vivent leurs rapports à leurs conditions d’existence.
C’est ainsi que le terme d‘idéologie définit assez exactement la nature du Programme pour une société de l’après croissance, en dépit de la connotation négative de ce terme que nous avons évoquée et qui incite certains de nos adversaires à nous discréditer par principe pensant ainsi être exonéré d’une argumentation plus avancée.
Parallèlement aux options concrètes de ce programme, le terme générique d‘idéologie doit être mis en avant comme un atout réel, et nous devons avoir en permanence à notre disposition les arguments nécessaire pour désamorcer toutes les habituelles railleries sur ce point.
En synthèse, nous devons retenir la définition du terme idéologie en tant que système d’idées pouvant servir de base à un comportement, de même qu’un principe est une proposition claire qui fonde un raisonnement et détermine des modes d’action.
Est-ce à dire, pour autant, qu’une idéologie est une doxa établie une fois pour toutes et ne pouvant pas être amendée sous aucun prétexte, ce qui validerait de fait certaines critiques par principe, calomnies sommaires, avec, en ombre portée, l’implicite accusation de despotisme ? Certes non, une idéologie peut (et doit) évoluer, au contact notamment des critiques argumentées qui lui sont adressées par tous les contradicteurs honnêtes et loyaux.