5 octobre 2024

Attention, danger ! Scientifiques en liberté…..

L’omniprésence de la technologie dans notre vie quotidienne témoigne du fait que nous vivons actuellement « dans un monde où les scientifiques ont remplacé les prêtres ». Paraphrasant ainsi la célèbre phrase d’Ivan Illich, nous constatons que cette foi populaire dans la croissance et dans le progrès technique qui imprègne la quasi totalité des populations de la planète est d’autant plus forte que ces « nouveaux prêtres » ont constitué diverses congrégations thématiques, toutes regroupées dans une sorte d’ « Eglise de la Science-Toute-Puissante » qui, à travers divers lobbies opérationnels, exerce une influence déterminante sur les gouvernements et les opinions publiques des pays leaders.

A l’instar des curés de l’Ancien régime, ces scientifiques sont, pour la plupart, de dangereux imbéciles. Mais leur bêtise ne se mesure pas à l’aune de leur quotient intellectuel, dont l’indice dépasse largement celui de l’homme de la rue, ni à celle de leur niveau d’études, diplômés qu’ils sont de Polytechnique ou de l’Ecole Centrale. Elle s’évalue en regard de leur méconnaissance obscurantiste de l’histoire ancienne de la planète et de leur incommensurable suffisance dans la prédiction de l’avenir la civilisation humaine. Pour s’en convaincre, il convient de dépasser les viscéraux clivages droite/gauche ou écolo/pas écolo et scruter attentivement les déclarations, rapports et commentaires des uns et des autres, toutes tendances confondues.

Concernant l’industrie nucléaire, on se souvient des interventions téléguidées par l’Etat de Monsieur Francis Sorin lors des évènements de Fukushima en 2011. Cet éminent représentant des nouveaux prêtres, puisqu’il officiait alors en tant que directeur du pôle information de la Société Française d’Energie Nucléaire (SFEN), organisme de propagande pro nucléaire, était interpellé par Michèle Rivasi députée européenne des verts le 13 mars 2011 sur BFM TV sur le rôle du lobby nucléaire dans la politique énergétique française. M. Sorin répondait alors, en substance, que le soi disant « lobby nucléaire » était une invention des écologistes et qu’il existait tout au plus un groupe de scientifiques bénévoles issus des grandes écoles d’ingénieurs (Polytechnique et Centrale) qui mettait en commun leurs réflexions et apportaient ainsi à la collectivité ce qu’ils pensaient lui être utile, sans viser aucun enrichissement personnel. Mais ce que M. Sorin oubliait de dire lors de cet échange contradictoire, c’est que nous avons affaire en l’espèce à un groupe de pression sensiblement différent des lobbies classiquement capitalistes dans la mesure où l’industrie nucléaire est une activité d’état. Dans ces conditions, l’enrichissement des lobbyistes ne doit pas se mesurer strictement en billets de banque, mais plutôt en taux de notoriété et de verrouillage de la presse scientifique, conduisant à l’établissement d’une position dominante, pouvant elle-même générer un confortable niveau de vie aux frais du contribuable.

Il s’agit, en réalité, d’un noyautage de l’intérieur, réalisé par une sorte de franc-maçonnerie scientifique à macération polytechnicienne et centralienne, teintée d’un zeste d’industrie de l’armement. Cette religion du nucléaire imprègne d’ailleurs à un tel point les étudiants de ces grandes écoles d’ingénieurs que, plusieurs dizaines d’années après la fin de leurs études dans ces hauts lieux de la foi scientiste, des ex-X félons tels MM. Jean Marc Jancovici et Alain Grandjean, affichent clairement leur nucléarité dans leurs ouvrages pourtant pseudo-décroissants « Le plein s’il vous plait », « 3 ans pour sauver le monde » ou, plus récemment « Changer le monde » (encore !….).

M. Francis Sorin, porte parole officiel de la SFEN auprès des médias, fut ainsi omniprésent sur toutes les chaînes TV et radio d’infos continue, pendant toute la durée du pic évènementiel japonais pour tenter de minimiser, autant que faire se peut, l’ampleur du drame nucléaire. Depuis Tchernobyl, il était de fait parfaitement rôdé à ce type d’exercice, lui qui déclarait le 20 avril 2005 dans une conférence de presse pour « rétablir la vérité » : « dix-neuf ans après l’accident, il n’existe en France aucune conséquence sanitaire « détectable » due à l’explosion de la centrale soviétique. En clair, aucun cancer de la thyroïde détecté depuis 1986 ne peut être attribué à la catastrophe. Que la centrale nucléaire ait explosé et rejeté de l’iode radioactif dans la nature est un fait avéré et incontesté. Mais que cet iode radioactif ait provoqué une augmentation des cancers de la thyroïde en France relève de la « rumeur infondée », (Libération), après avoir déjà déclaré le 04/12/2004 : « A propos de la catastrophe de Tchernobyl, je m’insurge contre la rumeur. Les hécatombes annoncées par les marchands de peur peu scrupuleux n’ont pas eu lieu. Si les opposants au nucléaire se complaisent à faire « courir la rumeur » à propos de Tchernobyl, c’est parce que l’excellent niveau de sûreté des centrales nucléaires, en France et dans les pays de technologie occidentale, les prive d’arguments percutants ». (L’Yonne-Républicaine).

Après tout, pourquoi pas ? Admettons ! Mais au vu des conséquences du séisme japonais de Fukushima sur l’intégrité des centrales nucléaires et sur la désolation qui règne encore dix ans après sur le site où moins de 30% des habitants ont accepté de revenir vivre sur place (pour la plupart des personnes âgées), la première question qui vient à l’esprit et que nous posons aimerions poser à M. Philippe Stohr (polytechnicien, actuel président de la SFEN) ou consort, est celle-ci : « Pouvez vous nous indiquer s’il vous plait, Monsieur Le Scientifique, comment vous prenez en compte le risque sismique lorsque vous construisez une centrale ? ». Face à cette question naïve, le nouveau prêtre se comporterait alors sans doute de façon similaire au curé à qui un paroissien dissipé demanderait de lui rappeler avec quoi Moïse fendit en deux les eaux de la mer rouge. Il joindrait probablement les mains, laissant tomber sur l’innocent questionneur un regard docte mais bienveillant, et déclarerait : « nous prenons en référence le plus fort séisme connu sur le site, nous multiplions les données par deux, puis nous calculons une infrastructure capable de résister à un séisme d’une telle magnitude ». Le problème, c’est à dire la bêtise du prêtre, vient de ce qu’il considère que l’humanité (et pourquoi pas la planète) date de l’époque où l’homme a commencé à faire des relevés sismiques précis, scientifiques et écrits, c’est à dire il y a environ 100 ans. Or la planète existe depuis 4,5 milliards d’années et l’homme depuis 7 millions d’années. A ce propos, voici, en vrac, quelques rappels historico-géologiques pour les nuls (c’est à dire pour nous autres, paroissiens de base) susceptibles d’élargir le champ du possible au delà des données de nos 100 dernières années  :

  • L’écorce terrestre est fracturée en plusieurs plaques qui se déplacent en flottant sur le magma (c’est la tectonique des plaques, ou dérive des continents)
  • A l’origine, il n’y avait qu’un seul continent dans l’hémisphère sud, les continents ont commencé à migrer vers le nord, l’Inde a heurté l’Asie et s’y est soudée, le choc a créé l’Himalaya
  • L’Afrique remonte vers le nord, un jour elle heurtera l’Europe
  • Il y a trois sortes de plissements : le plissement par collision où les deux plaques se soulèvent en même temps (géosynclinal), le plissement par subduction où les deux plaques se chevauchent (la plus forte en dessus, la plus faible en dessous. Ex. La Cordillère des Andes), le plissement géotumeur où une plaque se déforme et l’autre pas (ex. Les Alpes)
  • En Europe, il y a eu 3 plissements : le plissement calédonien au début de l’ère primaire (Chaîne scandinave, Ecosse), le plissement hercynien à la fin de l’ère primaire (Ardennes, Massif central) et le plissement alpin (Alpes, Pyrénées, Balkans, Caucase)….. Et il y aura un quatrième plissement dit « méditerranéen », dans quelques années, lorsque l’Afrique percutera l’Europe.
  • Etc…..

Au vu de ces quelques infos, qui relèvent grosso modo du programme de CM2, un paroissien de base pourrait s’estimer en droit de poser une question subsidiaire au prêtre qui préside à sa destinée radioactive : « Monsieur le Scientifique, pouvez vous me rassurer en me certifiant qu’un séisme supérieur à vos calculs issus des relevés des ces cent dernières années, est totalement impossible ? J’ai bien compris que le futur plissement méditerranéen ne surviendra que dans 50 millions d’années et que les centrales nucléaires seront broyées comme du papier à cigarettes et que les épais nuages de plutonium qui s’en dégageront extermineront rapidement la race humaine, mais ceci n’aura lieu que bien tard, et je serai déjà mort et enterré, et donc je m’en fiche comme d’une guigne, même si les futurs irradiés seront mes descendants, pourvu que j’ai mon électricité jusqu’à ma propre mort, et après moi le déluge, et finalement si je fais le compte de 7 millions d’années + 50 millions d’années = 57 millions d’années ceci n’égalera pas la longévité des dinosaures (140 millions d’années) mais c’est tout de même pas mal pour une espèce vivante qui, de surcroît, aura eu le mérite (scientifique) de parvenir à se détruire elle-même. Donc j’ai bien compris tout cela et je ne suis pas inquiet. Par contre, pouvez vous me dire s’il vous plait, Monsieur Le Scientifique, si un plissement du genre « alpin » est possible ou pas d’ici à 2060 (date à laquelle j’ai réservé mon cercueil), parce que dans ce cas là les centrales serait écrabouillées tout aussi bien, mais moi je serai encore vivant ? »

A de telles questions, les dangereux imbéciles que sont les scientifiques réagissent exactement comme les docteurs de l’Église catholique, qui confrontés en 1610 au fameux Message céleste de Galilée, ne furent pas convaincus de l’urgence de regarder le ciel avec un télescope. Ils balayent les contradicteurs d’un revers de règle à calcul en affirmant que leur modèles, matrices et autres équations ont définitivement réglé les inconvénients de la nature . Il en est de même pour certains néo-biologistes du même acabit affirmant également sans ciller que la sélection naturelle constitue une série de gigantesques bévues car elle ne tient pas compte des conditions à venir, c’est à dire celle de l’« histoire humaine » dont le chemin mène à la maîtrise des éléments originels. Cette idée, qui implique que l’homme est plus sage que la nature et devrait prendre la relève de cette dernière, tend à prouver que la vanité de l’homme évangélisé, associée la présomption des prêtres scientifiques, ne connaîtra, elle, jamais de limites.

Pour ces gens-là, le nucléaire est une réponse à la crise de l’énergie, mais ainsi que l’écrit Nicolas Georgescu-Roegen : « Certes, il y a une crise de l’énergie, mais à ce qu’il paraît la vraie crise est la crise de la sagesse humaine. »

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